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Atlas du cosmos

par Stéphane Pereira

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L’Euphrate est entouré d’un cercle qui symbolise l’océan ou le « fleuve amer ». Les régions situées à l’extérieur de l’océan circulaire sont appelées « naga » ou « régions lointaines », dont certaines sont également mentionnées dans l’épopée babylonienne de Gilgamesh. La relation entre les différentes parties de la carte nous montre que les anciens Babyloniens essayaient de s’intégrer, eux et leur emplacement, dans de vastes régions inexplorées qui dépassaient leur entendement. À ce jour, les civilisations humaines ont passé de nombreuses années à étudier les étoiles et les planètes et leurs mouvements dans le ciel. Mais l’Imago Mundi est la plus ancienne carte de notre environnement, et il n’était pas facile de l’étudier à l’époque.

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Devant moi, sur les côtés du télescope géant, il y a deux nacelles à ciseaux avec des personnes attachées à des rambardes métalliques. Quelque part dans les profondeurs, là où une horde de 5 000 robots est censée travailler, il y a une fuite d’huile qui empêche d’observer les galaxies. Je suis venu voir le télescope Mayall de 4 mètres à l’observatoire national de Kitt Peak, en Arizona, lors d’une journée de travail tout à fait normale en septembre 2019. Lorsque j’ai commencé à monter la colline, le ciel était dégagé. Les bords de la route présentaient des buissons verts et des roches stratifiées qui ressemblaient à un gâteau Napoléon. Elles sont apparues ici il y a environ 200 millions d’années, pendant la période du Trias.
À chaque minute d’ascension des 2098 mètres, ma voiture s’enfonçait de plus en plus dans les nuages – tout ce qui m’entourait devenait mat. Lorsque je me suis garé et que je suis sorti de la voiture, le vent a failli me faire tomber. J’ai levé la tête pour regarder le dôme de l’observatoire, mais je ne le voyais pas. Le dôme, qui abrite le télescope Mayall de quatre mètres, s’élève à 18 étages et est complètement caché par les nuages.
L’équipe de l’observatoire de Kitt Peak a presque terminé l’installation de l’instrument DESI, qui recherchera dans l’univers l’énergie noire, cette force insaisissable qui provoque l’expansion de notre univers à des dizaines de milliers de kilomètres par seconde (70 kilomètres par seconde et par mégaparsec, pour être précis). DESI (Dark Energy Spectroscopic Instrument) a pris sa première image astronomique le 22 octobre 2019. Son objectif est très ambitieux : réaliser la carte tridimensionnelle la plus détaillée possible de l’univers. Pour ce faire, il faut remonter 11 milliards d’années en arrière, lorsque l’univers était très jeune, que les galaxies commençaient à peine à se former et que l’univers en général était beaucoup plus compact.

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